A l’occasion des Photaumnales, ,Festival de Photographie en Hauts-de-France, qui se déroule du 20 septembre au 31 décembre 2025, Antoine Le Roux diplômé du Master Photographie en 2014 présente son projet « Traversées » à Beauvais, Parc de la Gare, Avenue de la République.

Antoine Le Roux a répondu à quelques questions pour nous parler de cette exposition.

Comment est venue l’idée du projet « Traversée » ?

L’idée de ce projet est de l’histoire très ancienne, elle est notamment liée à la recherche que j’ai mené pendant mon mémoire de Master à Louis-Lumière. La question principale est celle du contrôle de la fabrique des représentations : qui décide de dire quoi sur qui ?

Quels furent les enjeux de création autour de votre projet ?

L’enjeu principal qui découle de la question que je pose concerne le point de vue. Dans le cas des aires d’accueil des Gens du voyage, qu’est-ce que je photographie et comment je le photographie? Car avec les communautés des Gens du voyage, on est face à une espèce de poncif, presque un « genre » photographique. Comment sortir de cette iconographie stéréotypée ?

Comment avez-vous pensé l’exposition ?

Pour l’exposition, j’ai tiré une série de la matière rassemblée dans le cadre d’une commande passée par la FNASAT-Gens du voyage et financée par le Ministère de la Culture. Cette série consiste en un ensemble de 12 rochers, de ceux que l’on trouve aux abords immédiats des aires d’accueil, et ces rochers seront présentés en grand format en extérieur. Mon but est de créer un trouble, qui s’installe d’abord par le fait d’être confronté à un objet aux proportions massives, qui s’installe par le fait d’avoir son champ de vision bloqué. Les questions que l’on se pose viennent ensuite.

Présentation d’Antoine Le Roux : 

Depuis plusieurs années, Antoine LE ROUX utilise la photographie pour questionner son rapport au territoire en explorant les espaces habités par les personnes Roms, Manouches, Gitanes et Voyageurs en France. En 2020, il entreprend de documenter les portions de ville où les aires d’accueil sont aménagées, en traquant dans le paysage les signes qui font souvent d’elles de véritables enclaves. Sa démarche tient dans une question simple : comment est-ce possible qu’en tant qu’usager de la ville il n’ait jamais la possibilité de traverser ces espaces ?
Tenter de répondre à cela par la photographie revient à interroger le pouvoir des représentations, en particulier visuelles. Par ce qu’elles montrent, mais aussi par ce qu’elles ne montrent pas, les images dissèquent, scrutent, et paradoxalement rendent visibles ce qui ne l’est pas. Entre la clarté de l’approche documentaire et la capacité de faire sens par la collection, Traversées s’offre comme un défi à l’imaginaire. Car prendre en photo des objets toujours de la même manière est simple. On applique un procédé et on le répète. Mais ce qui intéresse l’artiste, c’est ce qui se glisse en creux et qui vient mettre en tension notre point de vue. Ces rochers, qui semblent avoir toujours appartenu au paysage où ils se trouvent, nous sont très familiers.
Mais leur présence ne signale-t-elle pas quelque chose de plus précis ?