Mardi 19 décembre 2023, l’Assemblée nationale a adopté, à la suite du Sénat, le texte de la loi « pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration » porté par le Gouvernement. Actuellement, nous ignorons si ce texte sera modifié par le Conseil constitutionnel mais nous constatons qu’il comporte des dispositions absolument inacceptables qui heurtent de plein fouet des principes inaliénables de notre République : cette loi fragilise le droit d’asile, le droit de séjour, l’accès à la nationalité et le code de la Sécurité sociale. Elle introduit la préférence nationale dans de nombreux aspects de notre appareil règlementaire et administratif, notamment une caution du retour imposée aux étudiant•e•s étranger•e•s.
De nombreux•ses président•e•s d’universités et personnalités de l’enseignement supérieur ont manifesté leur inquiétude et leur malaise, à l’image de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche elle-même.
La direction et le Conseil d’administration de l’ENS Louis-Lumière tiennent à manifester unanimement leur colère et leur désaccord dans ce contexte d’abandon des principes fondamentaux de la devise républicaine. En particulier, comme l’ensemble de la communauté scientifique, nous considérons que cette loi constitue une impasse dans un pays où un tiers des doctorant•e•s sont étranger•e•s et où la recherche doit impérativement être soutenue dans sa diversité, son rayonnement et ses moyens. Or il n’y a pas d’excellence scientifique ou artistique sans brassage et sans confrontation des connaissances : seul le dialogue des savoirs et des cultures permet d’échapper à la reproduction et à l’endogamie qui empêchent toute avancée, tout progrès et toute innovation.
Au-delà, la direction et le Conseil de l’ENS Louis-Lumière considèrent que cette loi va plonger dans la grande pauvreté et la détresse des milliers de personnes dont la seule faute est d’avoir eu espoir en la France et d’avoir cru à sa promesse de liberté, d’égalité et de fraternité.